La Louisiane en hommage
Tu as utilisé un ton très léger pour ce voyage en Louisiane…
La mauvaise mère qui est partie en abandonnant sa pauvre fille, on aurait pu faire pleurer dans les chaumières avec cette histoire… Ca aurait pu être un mélo ou un psychodrame mais ce n’est pas ce que je voulais pour Jano. Le ton devait rester léger, même si j’ai ajouté quelques références à James Lee Burke [L’auteur de polars se déroulant souvent en Louisiane N.D.L.R.], pour le plaisir de mettre en avant un auteur que je porte aux nues.

Au début, je voulais faire voyager l’histoire au fin fond de chez les ploucs, dans le Montana par exemple, mais on se retrouve en Louisiane parce que Johnny Jano, le chanteur, en est originaire. Je suis allé volontiers en Louisiane parce que ce n’était pas moi au dessin. Pour l’histoire, j’ai pris les bouquins de Burke et j’ai créé un parcours avec le nom des rues et j’ai cherché sur Google Earth. Mais il en manque juste quelques ruelles où Google n’est pas allé… Mais je ne pense pas que Jano, le dessinateur, ait déjà mis les pieds en Louisiane. Lui c’est plutôt l’Afrique.
Comment as-tu travaillé avec Jano, justement ?
La dernière fois que j’ai fait un travail avec un autre dessinateur, Pierre Place, sur Le Silence de Lounès, je lui ai livré un manuscrit et il s’est démerdé. Il a mis en scène l’histoire.
Jano, lui, m’a explicitement demandé de faire le découpage. Je lui ai dit de prendre ses libertés et de faire du Jano avant tout. D’habitude, il adore les plans larges pour pouvoir saturer ses dessins. Moi j’alterne plus entre les plans et c’est ça qui a dû lui donner envie de travailler avec moi.

Comment as-tu composés les 4 personnages principaux ?
Les 4 personnages sont arrivés ensemble. A la base, Rose avait tout lâché en France pour suivre son rock’n’rolleur et même finir putain ou alcoolique. Mais comme j’ai Jano au dessin, il me fallait quelque chose de plus léger, d’où les gamins ! Il me fallait donc qu’elle envoie chier son mari car il s’est remis au country et deviendra la mère poule de plusieurs enfants, chacun d’un père différent. Le titre est arrivé vite avec les 4 enfants et ensuite j’ai fait un alcoolique dans la fratrie pour le clin d’œil !
Rose va anticiper ce qui va arriver en France à la fin des années 60 grâce au rock’n’roll. Quand on sait qu’à l’époque les filles avaient peu de liberté et elle, elle abandonne sa fille pour suivre un musicien : la vraie mauvaise fille ! Elle va exulter avec le rock’n’roll, où elle peut danser tout son soûl. La révolution sexuelle avant l’heure !

Quel sera ton projet suivant ?
Ce sera une saga familiale, très longue : Bella Ciao. Le titre vient de la chanson de travailleurs qui contestaient dans les rizières de la vallée du Pau puis a changé pour devenir l’hymne de la résistance italienne. Cette chanson incarne bien tous les clichés collés aux Italiens, qui souvent la déteste, mais un peu moins que O Sole mio. Il va être question de cette chanson-là mais surtout du prix à payer pour immigré italien pour devenir transparent. Tout ce qu’il faut ou qui va se gommer, ce que tu vas laisser comme empreinte sur un paysage, des mentalités.
Ce sera en 400 pages environ chez Futuropolis, donc en 3 ou 4 tomes, dont le premier courant 2016. Ce sera probablement ma dernière BD !

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