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Une lettre d’amour...

Survivre à une histoire de yakuzas

Tu développe aussi deux personnages féminins importants…

C’est important d’avoir ces deux personnages. Les personnages féminins ont tendance à mieux survivre aux histoires de yakuzas que les personnages masculins, ce qui permet parfois d’en montrer l’absurdité. C’était aussi important d’avoir deux personnages féminins forts pour apporter un contrepoint aux regards de Shi et Saburo.

Tu as du faire un travail de recherche assez important. Comment t’y es tu pris pour restituer l’ambiance de la mafia ?

J’ai d‘abord braqué des médiathèques pour trouver le plus de films de yakuzas possible ! Ensuite, j’ai fait plein de recherches en bibliothèque, notamment sur des documentaires, sur l‘histoire des yakuzas qui me fascine. De manière générale, je suis resté curieux en permanence.

Au moment de Fukushima, j’étais bouleversé et l’une des premières infos que j’ai lu après la catastrophe, c’étaient des histoires de yakuzas qui avaient aidé la population de Fukushima, parce qu’ils étaient les premiers sur place. Puis d’autres yakuzas ont foiré ce geste en recrutant des personnes endettées comme liquidateurs sur la centrale.

J’ai compilé tout ça pour créer mes personnages, au fur et à mesure. Et puis j’ai remarqué que cette histoire soutenait bien le passage du temps. Donc après avoir appris mon métier en quelque sorte, j’ai pu finalement faire cet album, après des années à compiler des trucs sur le Japon.



Ta mise en scène et le rythme de l’album sont très particuliers, comment les as-tu travaillé ?

Une scène de Metropolis d’Otomo (adapté de Tezuka) m’a marqué : deux personnes sont en face l’une de l’autre autour d’un bureau. Au fur et à mesure des champs-contrechamps, la caméra recule, pour finalement révéler un poisson bleu géant dans l’aquarium, et c’est le plan le plus beau que j’ai vu de ma vie.

Je pense que dans ce genre d’histoire, il  y a besoin d’effets. Il faut en mettre un peu plein la vue. FrankMiller, que j’adore,a changé de style à de multiples reprises ! Je voulais quelque chose de malléable, que la grille apparaissent de temps en temps, mais qu’elle ne soit pas trop présente. Une mise en scène attractive, surtout au service de l’histoire, pour l’appuyer. Quand Shi se prend une volée dans la rue, je veux qu’on la sente !


Graphiquement, ton style reste pourtant assez réaliste.

J’ai travaillé à partir de photos, celles que j’ai prises quand je suis allé au Japon, celles de copains, mais aussi des photos trouvées sur le net. Je travaille en numérique, donc c’est assez facile de prendre des photos et bosser sur les masses dessus, qui me permettent de voir comment je vais agencer mes décors rapidement.  Mais j’avais aussi besoin d’un parti pris très « graphique », un style reconnaissable.

Tu t’es inspiré de figures réelles pour les personnages ?

Le nom de Kodama est très connu au Japon, c’est un peu l’équivalent d’Al Capone chez les yakuzas. En fait, j’ai procédé un peu comme dans Kill Bill, j’ai disséminé plein de références... Ceux qui les connaissent apprécieront je pense, et elles ne nuiront pas à ceux qui ne les comprennent pas.

Cet album c’est un peu ma lettre d‘amour aux films de samouraïs,de yakuzas, aux comics et aux mangas !

Quels projets pour l’avenir ?

J’ai deux albums prévus, un album sur la vie d’un boxeur et une série de trois tomes signée chez Le Lombard. Par la suite, c’est vrai que j’aimerais bien continuer l’histoire de Clan, mais j’ai attendu 13 ans pour publier cet album, donc je ne suis pas vraiment à la minute pour la suite !

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