Le défi du vide
Ta palette de couleur a changé, non ?
Je ne suis pas doué du tout pour les couleurs. Là j’ai fait de l’encre de chine avec un lavis gris. Une fois ce dessin fini, on le scanne. Moi j’ai passé le fichier à un copain, Florent Bonin, qui a recliqué sur les masses de couleurs avec Photoshop.

Je lui ai dit « Mets un peu de rose et un peu de bleu ». Les originaux sont donc en noir et blanc et la couleur à l’ordi sans le côté froid mais avec une grande liberté. On a pu essayer plein de choses : moins rose, plus rose, plus lumineux, etc. sans recommencer tout le dessin…
Tu n’as pas mis de bulles pour les nombreux dialogues…
J’avais peur que ça fasse trop BD. Pour moi, le livre jeunesse est plus art plastique qu’animation et mon dessin fait très BD. Donc je me suis mis le défi de ressembler plus à ça. Même si Jasmine bouge toujours plus que ce que font mes collègues jeunesse…
Mais j’aime tellement les bulles que je n’ai pas pu m’empêcher de faire des petites onomatopées très légères quand Jasmine court par exemple. Je me suis retenu de pas en mettre plus !
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Tes décors sont aussi très épurés...
Déjà, les décors, c’est ultra chiant à faire ! Ensuite c’est parce qu’on voulait vraiment faire un grand livre avec de tous petits personnages sur un fond blanc très simple, qui respire. C’est peut-être à cause du côté foisonnant, bien rempli avec beaucoup de hachures de Billy Brouillard, mon autre série, que j’ai besoin du côté plus aéré de Blake et Sempé. J’ai peur du vide donc j’ai tendance à remplir, mais je trouve le vide trop classe : je voulais faire pareil que des auteurs que j’admire.
Jasmine se balade beaucoup…
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J’adore faire bouger ce personnage : j’aurai pu mettre moins de dessins, mais sa manière de s’animer est super agréable. Pour un de ses sauts par exemple, j’ai mis un roulé-boulé au milieu car ça me faisait rire. Pour moi, il est très important de s’amuser et improviser une fois qu’on a le story-board. On sait d’où on part, où on arrive mais pas le chemin. On doit partir à l’aventure avec son personnage, parce quand on s’amuse plus et qu’on se surprend plus : c’est triste.
Elle a aussi une sacrée collection de bottes…
Mon frère, animateur, a rencontré une institutrice qui disait aux élèves : « On va mettre nos bottes de silence. » pour qu’ils restent tranquilles en sortant de la classe. Ca nous a donné plein d’idées ! Et on s’est dit que ça serait bien d’en faire les pages de garde. Même si on avait aussi pensé à y mettre une chanson qu'on avait composée.
En fait, on voulait exploiter tous les recoins du livre : on a mis une Jasmine sur le code barre, une qui dessine le copyright…

D’autres projets avec ton frère ?
Je n’ai pas de plan de carrière ! Quand je fais un projet avec quelqu’un c’est improvisé en partant d’une rencontre. L’histoire de mon frère, il ne me l’avait pas donnée pour que je la dessine mais ça a fonctionné !
Dont une suite à Jasmine ?
On a plein d’idées. Même si à la fin on la voit grande, s’il y a une autre aventure, ce pourrait être Jasmine et le crocodile, Jasmine et les bottes de machin. On a plein d’idées mais ça dépend de l’éditeur, qui dépend du public. Donc si jamais ça n’est pas publié, on fera des histoires pour nous, ce n’est pas grave…
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