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Un regard de journaliste sur la littérature jeunesse

Faire le bon choix ?

Comment avez-vous fait le choix des saynètes que vous avez utilisées ?

On partait toujours du texte. Un exemple précis : lors de la scène où Papa Hérisson traverse la route, on voit un hérisson mort. Et là s’est posée une question qu’on se pose régulièrement en journalisme : qu’est ce qu’on montre ? Il fallait quelque chose qui ne soit pas trop sombre ou trop violent tout en restant à l’échelle du hérisson. On a finalement gardé les piquants sur la route en se demandant si ça serait bien compris par les enfants.

Comment avez-vous construit le personnage du hérisson ?

Nicolas s’est inspiré de personnes qu’il connaît. C’était de toute façon vraiment cette histoire de retour qui nous intéressait. Graphiquement, je voulais quelque chose d’un peu naturaliste sans être barbant. Après c’est une question de goût !

À votre retour, vous avez été convoqué par la DGSI et suite à cela, avez publié une tribune dans Le Monde. Pouvez-vous revenir sur le sujet ?

À notre libération, la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) a été chargée de nous rapatrier. Après cela, la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure) a voulu nous débriefer. J’ai hésité, parce qu’il y avait plusieurs de leurs pratiques que je trouvais choquantes. J’avais un gros présupposé contre cette police qui, pour moi, ne s’intéresse pas aux faits mais aux opinions.


Un jour, un des otages reconnaît le tueur de Bruxelles, Mehdi Nemmouche, comme l’un de nos geôliers. Là, j’hésite. Je me dis qu’il peut être nécessaire de dire ce que l’on sait. Mais je vois aussi le danger : si au moment où l’on parle contre Mehdi Nemmouche, l’État Islamique négocie des otages contre de l’argent, il va être obligé, médiatiquement, de conditionner leur libération à celle de Mehdi Nemmouche, ce que ni la Justice belge ni la Justice française ne feront.

Lier Nemmouche à notre cas pouvait donc à mes yeux poser un problème, même si je ne pense pas que l’État Islamique ait envie de négocier la libération de Nemmouche. Nous avons donc demandé des garanties de confidentialité des dépositions au parquet et à la direction de l’anti-terrorisme à la DGSI.

Mais les dépositions vont sortir. Et pas d’une façon légale. Au lieu d’ouvrir une procédure contre Mehdi Nemmouche pour enlèvement et séquestration, ils vont faire fuiter les dépositions dans la presse. Ces fuites ont eu lieu pour soutenir un projet de loi à l’Assemblée Nationale. Je ne vois absolument en quoi cela peut être justifié. C’est pour dénoncer cela que j’ai fait cette tribune dans Le Monde.

Avez-vous d’autres projets ?

J’ai adoré ce travail. Je suis en train de voir ce que je pourrais tenter d’autre dans le livre jeunesse ou la BD... J’ai plusieurs histoires en tête mais rien n’est concrétisé pour le moment.

Un mot de la fin ?

Papa Hérisson, finalement, c’est une histoire que nous avons pensée pour les enfants qui ont à vivre avec l’absence d’un parent. C’est quelque chose d’assez dur. Nous l’avons prévu comme un livre qui pourrait être utilisé presque comme un manuel. Mais les thèmes sont plus larges, chacun peut y mettre des choses personnelles sans forcément faire le lien avec une histoire comme la notre !

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