Faire confiance aux erreurs
Quels autres changements narratifs avez-vous eu à faire par rapport au texte ?
Paradoxalement, il y a des scènes que j’ai dû changer pour révéler tout le sens qu’elles ont dans le roman. J’ai dû en dénaturer la forme pour en garder le sens intact dans une narration dessinée. Il y a surtout un jeu sur les ellipses : on devait sentir le temps passer (4 mois) sans le montrer par un texte ni le faire peser sur la lecture.

Vous avez choisi de dessiner des paysages et des personnages très détaillés…
C’est mon style habituel de dessin. J’essaie de m’approcher de la gravure, travailler les masses lumineuses plutôt que le trait. C’est ce que j’ai fait pour les premières planches, mais je me suis rapidement aperçu que je n’aurais pas le temps de finir l’album comme cela, je n’avais que 7 mois. Je voulais de la vibration, du détail et de l’évolution : j’avais donc besoin d’une gamme de gris parce que je ne voulais pas de couleur !
Pour ce qui est des décors, je ne voulais pas faire un abcédaire de la nature. J’ai fait des recherches assez sommaires sur l’Alaska, une grosse centaine d’images au plus. Je me suis surtout inspiré de La bête lumineuse, un documentaire hallucinant sur quatre potes chasseurs qui partent à la recherche d’un orignal. Mais je n’ai pas cherché l’ultra réalisme, je cherchais plutôt à faire des cases composées qui n’en aient pas trop l’air !
Quel regard portez-vous sur la relation père-fils que ce livre développe ?
J’ai une affection particulière pour les deux personnages. Finalement, je pense avoir fait plus un livre parlant de Jim, le père, qu’avoir compris les sentiments de Roy, son fils. Pourtant, quand je dessinais mon story-board, j’avais le sentiment d’avoir bien mieux compris Roy que Jim…
Mais il y a des choses que j’ai faites inconsciemment. Je fais confiance aux intuitions et aux erreurs, qui ont parfois un sens caché ! Je n’ai d’ailleurs presque pas retouché mon premier jet de story-board, à deux pages et à quelques cases près.
Quels projets pour l’avenir ?
Je suis en train de terminer l’écriture d’un roman graphique de science-fiction d’anticipation. Ça se passera en France, en Bourgogne près d’Avallon (petite ville icaunaise de 7000 âmes) où j’ai grandi, une région que j’aime. Je n’en dis pas beaucoup plus sur le scénario, désolé ! [rires]
Et comment envisagez-vous Avallon dans un siècle ?
Exactement comme maintenant. C’est le genre de ville qui a la chance, et le malheur, de ne pas pouvoir changer de visage. Mais du fait que mon personnage principal y habite et soit une figure importante dans l’univers que je développe, la ville pourrait bien changer énormément ! Donc je m’amuse à dessiner des vues d’Avallon entourée de grands axes routiers, etc.
Je termine aussi un autre court-métrage avec Kevin Manach, mon coréalisateur. Je viens d’ailleurs de terminer un pilote pour un long métrage avec lui, dont je n’ai malheureusement pas le droit de parler pour l’instant. Mais vous pouvez toujours retrouver un aperçu de mes autres courts-métrages sur mon site !
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