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La Biguden du soleil levant

« J'ai pas encore eu de bombe chez moi... »

Comment tu as créé le graphisme de Biguden ?

C’est vraiment mon style : j’adore les personnages un peu déformés. Je me suis éclaté dans le découpage, avec beaucoup de pages sans dialogue et beaucoup plus d’action que dans mes autres BD. J’aime beaucoup ces moments où l’on prend son temps.

Ce que je reproche souvent à la BD, c’est un texte très dense. J’aime bien les moments contemplatifs, où un personnage regarde un paysage, plutôt que l’enchaînement de bulles. C’est pour ça que je suis plus attiré par les romans graphiques. Un livre moins dense et plus agréable à lire.

Et comment composes-tu tes cases ?

C’est complètement différent  si je suis dans une scène dynamique ou calme. Pour les scènes de dialogues, souvent je fait des cases carrées dans lesquelles je travaille sur le cadrage.


Alors que pour les scènes d’action, c’est le mouvement qui fait la case. Pour ces scènes, on pourrait lire de droite à gauche, on ne s’en rendrait pas compte vu qu’on suit les personnages. Ces planches là sont hyper agréables et intéressantes à faire mais on y raconte peu de chose, et comme on a que 62 pages pour raconter une histoire, on ne peut pas faire que ça.

Tu as de nouvelles couleurs à ta palette ?

C’est un énorme boulot pour moi ! J’ai investi dans une tablette graphique, donc tout mon encrage a changé. Je le trouve plus réussi sur Biguden : j’ai plus de temps et donc je m’entraîne et je progresse. Pareil sur les couleurs : je fais tout sur Photoshop donc je peux recommencer plein de fois.

Je travaille beaucoup les ambiances, comme c’est ce qui me touche quand je regarde un dessin animé. Pour moi, tous les personnages du folklore breton, sauf les fées, auront des yeux rouges, pour qu’on puisse les reconnaître et leur donner un côté méchant.

En même temps, les korrigans sont trop mignons.

Ils ne sont pas vraiment méchants. Avec leur châtaigne sur la tête, ils ont surtout un côté kawaï. Voilà, j’avoue, je suis féministe et kawaï ! [Rires]


Tu as redessiné des lieux particuliers ?

Je connais bien le Finistère pour y avoir habité, mais je n’ai pas fait de repérage. Surtout que j’ai créé le village de toutes pièces, car en Bretagne, d’un village à l’autre le folklore change. Comme j’ai pioché un peu partout, j’ai dû créer mon décor… Je me suis beaucoup renseigné sur internet et j’ai aussi inclus des insultes bretonnes, qui parlent à toutes les biguden !

Biguden, elle, parle en japonai

s !

Vu que les autres personnages ne comprennent pas la petite Biguden, je me suis dit pourquoi le lecteur comprendrait ? Mais moi je sais ce qu’elle dit ! [Rires] J’ai composé les dialogues avec une amie japonaise : il y a beaucoup d’insultes !

Tu as envie de passer au format manga ?

J’ai joué la sécurité pour cette série : j’ai déjà fait 7 BD franco-belge, donc pour un scénario qui s’est mis en route assez vite, je voulais allez vers un format que je connaissais. Comme ça, je sais ce que je dois avoir raconté à la page 30, comme mon livre en fait 60. Dans un format manga à 150 pages, j’aurais pu m’éclater à faire des plein de scènes d’action, mais ça reste un peu casse-gueule pour moi… Je ne saurai pas où aller !

Tu penses faire de la BD pour la jeunesse ?

J’écris avant tout ce qui me fait rire et me plaît. Je ne cible jamais mon public ! Les enfants et les Bretons, qui sont partout, sont très attirés par l’album quand je suis en dédicace. Bon, les Bretons risquent d’être un peu déçus, mais ça les fait rire que je joue avec leurs clichés ! Et puis pour l’instant j’ai pas encore eu de bombe chez moi…


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Commentaire (1)

GRAND prix de la BD sushi-bretonne !

Le 16/03/2015 à 20h26