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Autour de Minuit

Le roman graphique avant l’heure

Dans vos albums, vous intégrez des textes narratifs issus des œuvres que vous adaptez à vos propres dessins. Comment gérez-vous le rapport texte-image ?

Dans les premières BD que j’ai dessinées, je me sentais limité en termes d’écriture et d’invention. Donc je me suis mis à travailler avec des gens qui écrivaient bien ! J’ai ce plaisir du texte et le plaisir de trouver l’image qui le complète au mieux. Avec Paringaux, nous avons surtout travaillé ce qu’il était possible d’exprimer graphiquement et narrativement, pour éviter que l’image et le texte soient redondants.

C’était qualifié à l’époque de « BD littéraire », parce que l’écrivain pouvait rédiger autre chose que les dialogues et que le texte était important. C’était plus proche du roman graphique que de la BD telle qu’on la voyait à l’époque. Aujourd’hui à l’inverse, « roman graphique » est devenu un terme passe-partout pour désigner des albums qui ont la forme d’un livre, c’est à dire un format plus petit qu’un album et imposant en nombre de pages.

Les auteurs avec lesquels j’ai travaillé sont des écrivains, ont un rapport profond au texte. Pour moi, c’est l’image qui est importante parce que je ne cherche pas à raconter mes propres histoires !

Quelles sont les premières questions que vous vous posez lorsque vous travaillez sur une adaptation littéraire ?

Où et quand elle se passe tout simplement ! Le lieu et l’époque me permettent de trouver l’ambiance graphique, l’environnement esthétique de l’album. Mais il y a des choses que j’adore mais que je ne pourrais pas dessiner, le western par exemple...

Pour ce qui est de la narration, je travaille le découpage à partir d’un synopsis, puis je rends mon story-board à l’auteur, et nous en rediscutons. De ce côté là, je me pose donc surtout des questions de mise en scène, d’angles de vue : des questions cinématographiques en somme.

On sent d’ailleurs l’influence du septième art sur votre travail...

J’aime faire référence à un certain cinéma. J’aime les images qui installent une atmosphère et les grands plans dans lesquels les personnages se déplacent. Mais je suis très mauvais pour le mouvement en soi, contrairement à Tillieux, Uderzo ou Jijé ! Alors je me pose les mêmes questions qu’un cinéaste : comment cadrer une scène, comment l’éclairer, comment y placer ses acteurs, quel casting choisir et comment passer d’une image à l’autre. Cette partie initiale où le schéma de création se met en place est ce qui me passionne le plus en bande dessinée !

Au milieu de votre œuvre, on trouve aussi une biographie, celle de Barney Wilen …

Dont l’idée vient directement de Paringaux, qui adore le jazz et qui voulait faire un hommage à un musicien qui l’avait marqué. À l’époque, Barney Wilen avait disparu depuis plusieurs années. Mais quand on a fait cet album, en 1985, il est réapparut quelques temps plus tard...

On a alors eu la chance de pouvoir le rencontrer. Il a même accepté de faire un disque, La Note Bleue, qui illustre en musique l’album, comme une bande originale, les chansons correspondant aux chapitres de l’album. Par la suite, j’ai été catalogué comme dessinateur jazz, alors que ce n’est pas vraiment la musique que j’écoute. Mais je ne pourrais jamais envisager une ambiance de film noir sans jazz en fond sonore.

Vous travaillez sur un nouvel album, pouvez-vous nous en parler ?

C’est une histoire de Jean-Claude Götting, qui s'appellera Black Dog. Ce sera une réadaptation d’une BD muette, assez confidentielle, qu’avait fait Jean-Claude : Noir. J’aimais beaucoup l’ambiance de cette histoire, qui correspondait à ce que j’avais envie de dessiner, donc je lui ai proposé le projet et ça s’est monté assez vite. L’album devrait sortir au cours de l’année 2016, je vais m’y consacrer exclusivement dans les prochains mois !


Retrouvez l'exposition des fixés sous verre de Jacques de Loustal, à la galerie Champaka
67 rue Quincampoix
75003 Paris
Du 5 février au 14 mars
Du mercredi au samedi, de 11h à 18h30 !
Entrée Libre

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