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Simon Hureau, voyageur multiple

Les périples extraordinaires d’un homme ordinaire

En redessinant vos planches, avez-vous créé des « copies actualisées » de vos planches originales ?

Je pense que, la plupart du temps, j’ai été fidèle à la première version. Ça avait vieilli graphiquement et je ne me reconnaissais plus dans ce dessin. Les redessiner m’a aussi permis de voir les petits défauts de narration et préciser des éléments elliptiques : je me rends compte que je n’écrivais pas de la même manière.

Sur la vingtaine d’histoires, il y en a trois sur le sommeil…

J’ai un ressenti particulier avec la nuit, je ne suis pas spécialement nocturne mais ce n’est pas n’importe quel moment de la journée.

Concrètement, je me reposais sur l’idée que dormir ne devrait pas se prévoir à l’avance, ni être payant vu que c’est un besoin naturel. On devrait pouvoir dormir où on veut et comme on veut, et malheureusement tout est fait pour qu’on soit obligé d’aller à l’hôtel.

C’est aussi l’occasion de raconter des anecdotes où vous vous mettez un peu en danger.

Ce n’est pas volontaire mais ça s’est vite transformé en périples proprement nocturnes. La ville est fermée, on est dans la rue en cherchant juste à dormir. Ca n’est pas une grosse mise en danger, au pire on marche toute la nuit. On ne prévoit pas qu’on va réussir à rentrer dans un endroit, se faire jeter par la police et que ça nous entraîne jusqu’aux petites heures du matin. On ne fait que jouer avec les codes du voyage.


Par rapport aux autobiographies traditionnelles, vous racontez des situations exceptionnelles.

Je ne raconte pas ma vie, seulement mes voyages. Certes je me mets en scène mais j’ose espérer que ça ne soit pas nombriliste pour autant. Je restitue mon expérience insolite et mes impressions, finalement comme n’importe quel récit de voyage. Je suis une sorte de Tintin, j’ai l’impression que le lecteur peut s’identifier au personnage qui vit ces déambulations. En racontant les histoires italiennes, j’ai pensé au film de Scorsese After Hours : ça pouvait presque être de la fiction, évidement en moins rocambolesque et en plus court.

Il y a des histoires dans lesquelles je ne vis rien, ce sont des sortes de célébration. Quand je réussi à me trouver un petit coin pour dormir dans le Sud de la France et que je passe une jolie nuit à la belle étoile, j’ai juste envie de décrire un cadre qui me plaît. Je veux rendre hommage à des choses qui me paraissent belles, sinistres ou sordides.

Ce n’est pas non plus du reportage social ou un documentaire dessiné…

Je n’ai pas cette prétention. Si j’ai l’opportunité extraordinaire de vivre une situation dont il faut vraiment parler et que peu de gens peuvent imaginer, je ferais quelque chose dans l’ordre du reportage.

Mais jusque-là j’ai été un voyageur ordinaire qui a vécu des choses assez ordinaires, j’ai pu voir les mêmes choses que les autres mais sur un chemin de traverse.

Ce livre représente une sorte de respiration par rapport à vos livres de fiction ?

Tout à fait, ce n’est pas du tout le même type de plaisir ou de difficulté. Ces vieux trucs qui étaient éparpillés dans mes pochettes ont maintenant une vie, je peux les ranger et passer à autre chose.

Il n’y avait pas moyen de les utiliser en fiction ?

Ça a pu arriver, le fait que je sois allé au Cambodge m’a servi dans Le Massacre. D’ailleurs je me suis mis en scène dans une fiction. J’ai complètement mélangé les narrations, entre l’historique, la fiction, l’autofiction, qui peut amener le lecteur à se demander si tout ça est vrai. Je m’étais amusé.

Pour vous, c’est quoi le voyage ?

La liberté, l’improvisation. Ne pas se retrouver piégé par une organisation, un calendrier ou des horaires. Pouvoir décider qu’on va bouger quand on a marre d’un endroit.


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