Un avenir sombre pour la cité bordelaise…
Pourquoi le choix d’installer votre album à Bordeaux ?
D’abord par pur chauvinisme ! [rires] J’y ai grandi donc je la connais bien. J’ai choisi cette ville de taille moyenne, de province surtout pour des raisons narratives. J’étais lassé de ne voir que des mégapoles comme Séoul, Tokyo, New York ou Paris comme cadres d’un récit d’anticipation ou plus rarement, des zones purement rurales.
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Les deux protagonistes : Nathanaël et Richard
Il y a aussi des raisons historiques, Bordeaux est pour moi un des berceaux de la démocratie contemporaine depuis Aliénor d’Aquitaine, qui y instaure la fonction de bourgmestre. Montesquieu et Montaigne ont également vécu à Bordeaux. Faire mourir la démocratie moderne dans l’un de ses lieux de naissance est une idée ironique qui me plaisait.
Quelles sont vos sources d’inspiration principales ?
La bande dessinée qui m’a le plus inspiré visuellement et structurellement est sans doute Akira. En littérature, l’incontournable 1984 bien sûr, mais aussi La Horde du Contrevent. Ce roman met en place un monde perpétuellement balayé par le vent, un groupe sélectionné dès l’enfance est envoyé chercher l’origine de ce vent. Ce récit très poétique m’a également inspiré pour la narration, puisque chaque chapitre étant raconté par un narrateur différent. Au cinéma, je dirai Blade Runner, surtout au niveau visuel, et aussi pas mal de jeux vidéos, de The Last of Us à Journey !
Comment avez-vous construit vos personnages principaux ?

1ère version
de Nathanaël
Il y a beaucoup de moi dans ces personnages. Je suis bipolaire, chacun d’eux représente une « face » de cette bipolarité. Le gourou représente l’hyperactivité ; Richard Tobia est plus posé, plus calme. Quant à Nathanaël, il reste entre ces deux extrêmes, ni trop fougueux, ni trop sage. Toutefois, ils ne sont pas non plus conçus sur un mode manichéen, leurs personnalités et leurs actions sont nuancées.
Au niveau visuel, Richard Tobia est très vite devenu la force de la nature à la carrure impressionnante qu'il est aujourd’hui. La recherche sur Nathanël a été plus longue : il devait paraître aussi charismatique et impressionnant, mais avec une carrure beaucoup plus commune. Les planches sur lesquelles il apparaît sont d’ailleurs encore retravaillées en ce moment ! On est en recherche perpétuelle !
Comment avez-vous construit l’aspect visuel de votre univers ?
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J’ai fait beaucoup de recherches pour pouvoir donner à Joël la vision la plus précise possible de ce que je voulais. Pour les couleurs et la lumière, nous nous sommes inspirés du clair-obscur qui parcourt Blade Runner, surtout pour les premières planches. J’ai aussi fait beaucoup de recherches documentaires pour le dessin. Joël dessine énormément à partir de documents, pour créer les décors à partir d’endroits existants.
Pour les visages, on a notamment utilisé des modélisateurs 3D de visages issus de jeux vidéo (merci Saints Row 2 !). Pour d’autres personnages, on s’est inspiré de personnes réelles, d’amis ou d’anonymes trouvés sur internet. Enfin, on a fait correspondre les couleurs, froides et sombres, à l’ambiance et aux thèmes de l’histoire : la guerre, le fascisme, etc. Je cherche à ce que les lecteurs accompagnent mes personnages au fond du trou et puissent en ressortir avec eux.
Avez-vous d’autres projets pour la suite ?
Un deuxième tome d’abord, évidemment. Mais aussi une idée de bande son axée musique électronique/ rap/hip-hop /trip hop pour la bande dessinée, qui s’écouterait en lisant l’album et viendrait étoffer l’ambiance. J’ai aussi de très nombreuses idées pour étoffer l’univers, la plupart non réalisables à l’heure actuelle en termes de jeux vidéo par exemple ! J’ai toujours cette envie de raconter des histoires sur des supports différents en utilisant leurs spécificités !
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