« Brest est une scène de théâtre »
Et au service de quel récit ! Pouvez-vous nous en parler Arnaud ?
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Marin, spécialiste de l'auteur
Pierre Mac Orlan
Ce qui m'intéresse chez Mac Orlan, c'est qu'il est un auteur à multiples facettes. Il était peintre, écrivain, et même un proto-scénariste, l'un des pionniers français du scénario de bande dessinée. J'ai toujours été fasciné par les auteurs multi-média, touche à tout.
En plus de ça, mon intérêt pour Brest m'a inspiré dans mes décors, mes ambiances. Brest est une scène de théâtre qui a beaucoup influencé Mac Orlan. Même s'il n'y est pas resté très longtemps. Il a découvert la ville peu avant la Deuxième Guerre mondiale, les bombardements et la destruction. C'est un bon endroit pour voir des marins se donner des coups de couteau la nuit, dans une rue sans lumière... (rires).
Mac Orlan prônait le fantastique social. Selon ce concept, le fantastique émane du naturel, des vieilles pierres, de notre patrimoine et lorsque le monde moderne est arrivé, il va tout changer. En fait, c'est le contraire qu'on observe à travers le fantastique moderne.Ce qui l'intéressait, c'était de créer les conditions du fantastique. On a essayé avec cet album de coller à sa philosophie et sa démarche.

Marin se retrouve plongé en plein
coeur de l'univers de Mac Orlan !
On a voulu raconter une histoire en développant les thèmes récurrents de Mac Orlan : la nuit, la lanterne lumière dans la nuit, le pirate, le squelette, le marin, le cabaret... Comme je suis un fervent admirateur de Stevenson, il y a plusieurs clins d'oeil à son œuvre : la boîte de nuit « Le diable dans la bouteille », titre d'un de ses récits... C'est presque oulipien : on s'est imposé des contraintes pour y faire évoluer une histoire qui peut être lue par quelqu'un qui ne connaît pas tout cela. Le premier niveau de lecture est le plus important pour moi, mais j'aime bien qu'il y en ait un deuxième. J'aime les jeux de piste, les choses codées.
Vous tenez aussi une rubrique de musique décalée en BD dans La Revue dessinée et vous êtes très productif ?
Je connais le scénariste brestois Kris qui m'a branché là-dessus, ça me plaît bien de pouvoir chroniquer en bande dessinée des musiciens en marge. J'écris aussi des livres en parallèle. J'ai un roman noir qui devrait sortir à l'automne et une BD sur la vie de Vince Taylor programmée en 2016 chez Glénat. Elle sera dessinée par Marc Malès. Un gros travail de 150 planches... L'idée est de mettre en évidence les ressorts cachés d'une vie. Il a eu un destin tragique lié à son enfance : ça peut tous nous concerner, de près ou de loin.
Et vous Briac, avez-vous des projets ?
Oui, je bosse depuis pas mal de temps sur une histoire, Méridien. Il s'agit d'une expédition scientifique à l'Equateur au XVIIIe siècle. J'ai commencé seul mais ça n'avançait plus, du coup, j'ai soumis le projet à Arnaud. C'est une histoire très cortomaltésienne, un one-shot en une centaine de planches. Là aussi y a du boulot ! Je préfère les histoires en un album, les grosses séries, ce n'est pas trop mon truc. Pour l'instant on n'a pas encore cherché d'éditeur mais je ne me fait pas de souci, c'est le genre de sujet historique apprécié.
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Briac et Arnaud Le Gouëfflec lors d'une dédicace pour La Nuit Mac Orlan à Quimper
Votre point de vue sur Méridien, Arnaud ?
C'est une BD en costumes. A l'époque, il y a deux grandes théories sur la recherche des pôles de la Terre : Nord-Sud et Est-Ouest. Une expédition va mesurer un degré du méridien. Ils sont tous devenus dingues là-bas, les passions humaines ont été exacerbées par l'éloignement, ça plus le coup de bambou des tropiques... Les vices ont éclaté, ils ont vécu à la limite de la folie. Tous sont rentrés par des moyens différents. C'est ce que racontera Méridien.
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