Le dessin comme langage
Beaucoup de vos BD sont quasi sans paroles. Le dessin est-il plus efficace pour vous pour exprimer les choses ?

Les Princesses aussi vont au petit coin :
entre road-movie et folie...
La bande dessinée permet de raconter soit en écrivant, soit en dessinant. Ce que je ne sais pas écrire je le dessine, ce que je ne sais pas dessiner je l'écris. Ou les deux ensemble. Mais j'estime qu'à partir du moment où une image raconte, ce n'est pas la peine de surenchérir avec du texte. Quand l'image suffit, je laisse juste l'image. C'est bien aussi de laisser parler les silences.
Et puis c'est peut-être une bonne chose que le lecteur se fasse ses propres dialogues. J'ai fait un bouquin de 350 pages où il n'y a pas une ligne de texte. Des gens sont venus me voir en me disant qu'ils inventaient les dialogues des personnages. Alors si j'arrive à les embarquer, il y aura des textes... Il y aura le texte du lecteur, la petite bande-son qu'il va imaginer. J'essaie de laisser ouvert.
Comment travaillez-vous sur vos BD ?
J'ai tendance à travailler par étapes. Je commence par mon scénario et une fois qu'il est écrit, ou vaguement écrit, je vais faire le storyboard complet de tout le livre. Quand il est terminé, je vais crayonner toutes les planches, puis le passer à l'encrage. En général, quand j'en suis à cette étape, je commence à mettre en place le livre suivant, à l'écrire. Donc quand j'ai finis un bouquin, le suivant est quasiment écrit, comme ça je peux embrayer directement.
Ainsi, avant de dessiner, j'ai un début et une une fin précis. Je sais d'où je pars, je sais où je vais. Le milieu change souvent un peu, mais j'ai une espèce de rail sur lequel j'avance. Quant à la technique en elle-même, c'est un peu comme tout le monde : beaucoup de gribouillages, beaucoup de documentation, beaucoup de table lumineuse.

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Vous travaillez toujours seul. Vous n'avez jamais eu envie de collaborer avec d'autres auteurs ?
Non parce que j'aurais l'impression d'être entravé, de ne pas être libre. J'ai des choses à raconter, et tant que j'en ai, je vais continuer à les raconter. Mais j'ai besoin de cette liberté de travail, de cet espace. Même si c'est compliqué de travailler seul aussi parce qu'il faut se renvoyer la balle, se pousser à faire des trucs qu'on n'a pas forcément envie ou qu'on ne sait pas faire, s'orienter vers des domaines qu'on ne connaît pas...
Quelles sont vos références et vos influences en BD ?
Des références il y en a plein. La plupart des auteurs noir et blanc déjà. Et puis, la liste est tellement longue, des gens comme Pratt, Baru, Comès... Après je n'ai pas vraiment d'influences, mais j'essaie d'aller me nourrir de plein de choses, de la photo, du cinéma, de la musique... Il y a des trucs à prendre partout. Je ne vais pas me fermer sur la BD, j'essaie de m'ouvrir un maximum, d'apprendre un maximum de choses. Et ça va se répercuter automatiquement dans mon boulot. J'essaie d'ouvrir les œillères.
Quels sont vos projets à venir ?
Là je ne travaille que sur Moby Dick. Le deuxième tome devrait sortir en octobre ou novembre de cette année. Mais je prends toujours des petites notes à côté, j'ai des trucs dans les tuyaux pour la suite. En travaillant seul, on est obligé d'avoir un peu d'avance tout le temps. Mais je ne parle jamais de mes projets parce que je n'ai pas envie d'éparpiller le truc. Je veux canaliser l'énergie que j'ai sur un bouquin et si je me mets à le raconter, j'ai l'impression de le perdre. Donc je préfère le garder et le mettre sur papier. Je pense raconter mieux en dessinant qu'avec des mots, c'est pas trop mon truc.
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