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Mauvais genre, l'album qui a révélé Chloé Cruchaudet

Une artiste en perpétuelle évolution

Est-­ce que vous pouvez nous parler de votre technique de dessin ?

Cette fois-­ci, ça tranche par rapport à mes albums précédents. Mes planches ne ressemblent plus à un bel enchaînement de dessins. Ce sont des dessins épars sur des feuilles, que je recommence jusqu'à obtenir un dessin dynamique, vivant. Je privilégie ça plutôt qu'un joli dessin. Il y a des auteurs qui ont tout de suite la maturité de comprendre ça. Moi il m'a fallu du temps pour quitter ce côté bonne élève, trouver un trait qui fasse ressentir l'énergie, la violence.

On dirait parfois que ce sont des dessins vite faits, mais ça m'est arrivé de les recommencer plusieurs fois. Ces dessins épars, je les assemble sur ordinateur pour reconstituer des planches. Je dessine à l'encre de chine et à la plume pour les contours, mais tout le reste, le côté un peu fusain, c'est à l'ordinateur aussi.


Comment votre dessin et votre écriture ont-­ils évolué ?

Ida, l'une des premières séries de Chloé Cruchaudet

Ida, l'une des premières séries de Chloé Cruchaudet

Quand je regarde mes anciens albums, parfois je ne me reconnais pas. Mais ce qui me fait plaisir, c'est que dans les dialogues et l'histoire, là je me reconnais. Pour moi, c'est ça le principal. Le dessin n'est qu'un outil, ce n'est pas une finalité. La chose primordiale pour moi en BD, c'est le découpage et le scénario.

Dans un album, quand j'en suis à la phase du dessin, j'essaie de m'imposer un certain nombre de planches par mois. Par contre en amont, quand je travaille sur le scénario et le découpage, je n'économise pas mon temps. Je travaille jusqu'à ce que j'obtienne quelque chose qui me satisfasse, parce que c'est le cœur de l'histoire.

Quelles sont vos influences en BD?

Gus Bofa et les illustrateurs de cette veine et cette époque, qui faisaient des dessins pour L'Assiette au beurre par exemple, ils m'inspirent beaucoup. Plus actuels, j'aime Christophe Blain, Frederik Peeters, Franquin... Il y en a plein, mais c'est par période. Selon l'album sur lequel je travaille, ça m'arrive de relire certains plus que d'autres. Une fois terminé Mauvais genre par exemple, j'ai relu tous les Tardi sur la Première Guerre mondiale, comme C'était la guerre des tranchées qui est un chef d’œuvre absolu, inégalé et inégalable.

Quels sont vos projets ?

Pour le prochain album, je vais travailler avec le scénariste Thomas Cadène. Ce sera ma première collaboration. J'avais envie de faire cette expérience­-là, me concentrer juste sur la mise en scène, c'est déjà un boulot très créatif. Et il a écrit une histoire que je n'aurais pas été capable d'écrire. On suivra un couple de psychopathes dans Paris, de nos jours. Ça va être bien tordu, bien violent, mais pas dans la veine de Dexter avec une caricature du psychopathe, ce sera beaucoup plus subtil. J'ai hâte de m'y mettre et de traiter des choses inédites pour moi, comme dessiner des voitures, Paris avec ses panneaux de signalisation, ses lumières vulgaires, les publicités... Cet environnement graphique, ça va être un défi de le synthétiser, surtout que l'atmosphère a beaucoup d'importance dans ce récit. Comme j'habite Paris, je vais pouvoir me régaler à faire des croquis dans la rue !

Le Paris du XIX°siècle vu par Chloé Cruchaudet dans Ida.

Le Paris du XIX°siècle vu par Chloé Cruchaudet dans Ida.



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