Les codes de Julius…
Parlons de la représentation de Babylone : comment as-tu travaillé sur la représentation de cette ville ?
Alex est un vrai pro et quand tu travailles avec lui, il te fournit une documentation énorme. Quand tu dois faire Babylone, c’est finalement assez bidon. Tous les dessinateurs sont confrontés à la même chose : se documenter pour te faire une idée de Babylone, de la porte d’Ishtar, des murailles. En fait, Babylone n’est pas historiquement très bandante. C’est carré, avec des murailles, pas top. Un dessinateur doit rendre cela grandiose et chaotique, casser la géométrie de la ville, en démesurant certains bâtiments tout en restant crédible.
On ne fait pas de l’historique pur mais plutôt de l’aventure épique. Je ne veux pas faire d’erreurs visuelles mais je me dois d’alimenter aussi l’extraordinaire des gens. Par exemple, il n’y a rien de concret historiquement sur les jardins suspendus de Babylone. Du coup, j’ai pu me lâcher. Nous voulions insister sur le coté déclin de civilisation, d’où de vieilles statues de divinité insérées dans le décor, en décalage avec le reste. Le tout donne un puzzle graphique assez intéressant.
Comment se sont décidés les traits des personnages ?
Je m’attendais à un Alex Alice plus directif mais finalement il me laisse une grande ouverture, c’est très confortable. J’ai amené ma vision des personnages et ça lui a plu. Il a même réécrit des séquences en fonction de mon dessin, sur Tadéus notamment.
Contrairement à certains dessinateurs, je ne me base pas sur des acteurs. Je fais un gros travail sur l’humanité des personnages, je vis l’histoire, je me fais mon jeu d’acteur dans ma tête et je crée le personnage en fonction de mon idée de son caractère, de sa morphologie. J’insiste beaucoup sur les attitudes, les échanges, les regards, c’est mon truc à moi.
Les codes du Troisième Testament reviennent dans ce second tome de Julius : est-ce une contrainte pour toi ?
Le graphisme du Troisième Testament est effectivement fort et cela met une pression de dingue. Le plus gros défi pour moi a été de reprendre le design d’Alex sur la Horde. J’ai vraiment eu le sentiment de participer à quelque chose de lourd en bande dessinée : j’ai pas le droit de me tromper.
J'ai fait beaucoup de visuels sur la Horde. Les personnages restent les mêmes mais il faut les resituer dans une autre époque. Je dois reprendre certains codes, pour donner la même impression que dans le premier cycle : les corbeaux avec des masques délirants et le chef avec le même masque par exemple.
Combien de temps t’a été nécessaire pour faire le deuxième tome de Julius ?
Cela va assez vite. Pour ce tome, j’ai travaillé de septembre jusqu’à juillet, donc dix mois de travail. L’idée est de réussir à redonner un bon rythme aux sorties.
Le troisième tome a trainé car j’en ai bavé sur le début. Les personnages sont arrivés en Inde en pleine jungle ! Ils se retrouveront ensuite au même endroit que dans le dernier tome du premier cycle, dans la neige. La boucle sera ainsi bouclée.
Combien de tomes de Julius y aura-t-il en tout ?
A la base, il était prévu quatre albums de 80 pages. Le changement de dessinateur au second tome nous a fait prendre des mois de retard. Glénat a donc demandé à Alex s’il n’y avait pas moyen de trouver un endroit où scinder le second tome, ce qui a arrangé Alex ! Il est passé d’un album de 80 pages à deux albums de 50 pages, c'est-à-dire 100 pages, pour ce tome.
Pour la suite, si Alex estime qu’il n’y a pas moyen de couper intelligemment, nous repartirons sur 80 pages. Sinon, on reste sur 100 pages réparties en deux albums. En tout cas, nous sortirons un tome tous les mois à partir de novembre. Il reste donc trois ou cinq tomes à venir.
As-tu d’autres projets en parallèle ?
Je travaille sur le second et dernier tome de Malicorne, qui devrait arriver début 2014. Sinon, je me consacre à Julius et rien d’autre avant la fin. Je verrai six mois avant la fin de cette série, parce que je ne suis pas capable de faire plusieurs projets en même temps.
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